Comment savoir si on a de l’anxiété sociale ? Ce trouble anxieux fréquent possède des signes que vous pouvez repérer. La peur des autres touchera notamment les situations sociales, mais aura aussi des symptômes physiques. Découvrez-en plus sur les signes de l’anxiété sociale.
Qu’est-ce que l’anxiété sociale
L’anxiĂ©tĂ© sociale fait partie des troubles anxieux assez frĂ©quents, puisqu’elle touche 2 Ă 4% de la population (Servant, 2002). La majoritĂ© des personnes souffrant d’anxiĂ©tĂ© sociale sont des femmes. Cette peur porte majoritairement la peur du regard des autres, mais elle couvre aussi d’autres domaines.
Définition de l’anxiété sociale
L’anxiété sociale, aussi nommée phobie sociale, désigne la peur persistante et intense du regard des autres. Cette peur sera notamment ciblée sur les situations d’interactions sociales ou de performance (Chapelle , 2018). Si vous souffrez d’anxiété sociale, alors vous :
- Aurez peur d’être sous le regard des vos proches et/ou d’inconnus
- Aurez peur d’agir de manière humiliante ou embarrassante
- Craindrez de présenter des symptômes physiques visibles
Ces peurs créeront alors une forte anxiété, qui vous poussera à éviter certaines situations de manière persistante. Parfois, une angoisse trop importante pourra causer une attaque de panique. En général, la confrontation aux situations craintes créera une forte détresse. De plus, ce trouble aura souvent des conséquences sur la vie professionnelle, familiale et sociale.
Témoignage d’un anxieux social
Si vous voulez en apprendre plus sur ce trouble, quoi de mieux que d’en lire un témoignage ? Ce témoignage vient de l’ouvrage de Mirabel-Sarron & Vera (2012, p.130). Il parle d’Alex, un jeune qui déprime à cause de son anxiété sociale qui raconte son vécu.
Alex : « Jusqu’à 10-12 ans, ça n’a jamais été un plaisir pour moi de voir d’autres jeunes de mon âge. Je ne les fuyais pas vraiment mais je ne les cherchais pas non plus. Ce qui fait que je n’ai pas développé certaines aptitudes de communication, de dialogue, d’affirmation de soi et de respect de l’autre. Arrivé vers 12 ans, j’ai commencé à m’en rendre compte.
J’ai commencé à me sentir inférieur aux autres, à accepter qu’il me fallait me battre tout le temps pour “être accepté”, que les autres ne viendraient pas vers moi. J’ai ressenti la honte. La honte de ne pas m’intégrer correctement mais petit à petit j’ai abandonné toute situation dans laquelle je n’étais pas certain d’être à ma place, allant jusqu’à éviter les téléphones, marcher dans la rue la tête baissée, Surtout je me sentais déprimé, rien n’avançait, et plus je me sentais mal plus je devenais déprimé. »
Le témoignage d’Alex montre les débuts de développement d’une anxiété sociale. Il montre aussi le sentiment de déprime associé à cette peur des autres handicapante. Si vous en souffrez, c’est un sentiment que vous ressentez peut-être. Sachez que vous n’êtes pas seul-e : beaucoup de personnes souffrent de ce trouble tout comme vous. C’était d’ailleurs mon cas auparavant. Comme quoi, tout est possible !
Comment savoir si on a de l’anxiété sociale
Comment savoir si on de l’anxiété sociale ? Et bien, certaines peurs sont très caractéristiques de ce trouble. Trois craintes sont assez typiques de l’anxiété sociale. Elles ont été abordées par le psychiatre Christophe André (2011) mais je vais vous les expliquer en quelques mots.
Crainte du regard
L’une des craintes les plus fréquentes est celle du regard de l’autre. Et oui, finalement toutes les situations craintes le sont car le regard des autres est présent. Cela fait peur ! Quand on souffre d’anxiété sociale, on est particulièrement sensible au regard. Lorsque l’on n’est pas anxieux socialement, un regard fixe peut nous déranger effectivement, mais… Dans le cas d’une anxiété sociale, notre seuil de perception est plus bas, et nous réagissons beaucoup plus fortement. Alors oui, un regard trop fixe ou trop observateur déclenche une vague d’inconfort beaucoup plus intense.
Crainte du jugement
Une autre crainte très frĂ©quente est celle du jugement des autres. Elle est effectivement liĂ©e Ă la crainte du regard de l’autre. En effet, souvent, l’anxiĂ©tĂ© sociale est une anxiĂ©tĂ© de l’évaluation, du jugement nĂ©gatif. Nous avons alors tendance Ă surĂ©valuer la sĂ©vĂ©ritĂ© du jugement associĂ© Ă ce regard. Nous nous sentons vulnĂ©rables et nous nous disons alors… “Il va voir mon anxiĂ©té” ou “il va voir que je n’ai pas de compĂ©tences sociales”… Et cela va nous conduire Ă ressentir une anxiĂ©tĂ© très intense. De plus, il y a aussi l’envie de faire bonne impression sur autrui. A ce moment-lĂ , nous pouvons aussi avoir peur de ne pas y parvenir, et donc avoir peur de l’échec. Des peurs pas si simples Ă gĂ©rer, qui crĂ©ent un fort sentiment de malaise.
Crainte de la confrontation
Une autre crainte centrale est celle de la confrontation avec les situations sociales. En effet, à terme, l’anxieux social a peur d’affronter les situations redoutées. Il peut alors choisir entre deux options. Soit il peut fuir, mais cela renforcera son anxiété. Ou alors il peut affronter la situation, mais le coût de cette confrontation sera énorme. Alors il aura tendance à éviter certaines situations de manière persistante. L’anxiété deviendra alors bloquante, et évoluera parfois vers une forme généralisée. Des fois, il sera par contre obligé d’affronter les situations. Dans ce cas, il aura un style relationnel marqué par une forte réserve et de l’inhibition (André, 2011). Cela veut dire qu’il se mettra en retrait et essayera d’éviter d’attirer l’attention. Par exemple, il se mettra en fond de classe pour ne pas être interrogé par le professeur. Vous retrouvez-vous dans ces craintes ? Pour en apprendre plus, passons en revue les 10 signes les plus révélateurs d’une anxiété sociale.
10 signes que vous souffrez peut-être d’anxiété sociale
L’anxiété va s’exprimer par différentes peurs présentes dans des domaines variés. Elle peut aussi se manifester par une inhibition sociale et un évitement marqué des situations. Comment savoir si on a de l’anxiété sociale ? Et bien, commençons d’abord par étudier ces 10 signes, qui vous éclaireront peut-être.
1 – Vous avez peur des interactions sociales
Le premier signe pouvant être révélateur est la peur des interactions sociales. En effet, l’anxiété sociale porte sur les situations sociales assez quotidiennes. Cela peut être lorsque vous devez parler de manière brève ou superficielle (Chapelle, 2018). Par exemple, quand vous croisez un de vos collègues, votre voisin, une connaissance… Il vous faut alors échanger des banalités, et oui, cela peut être dérangeant. Ou alors cela peut aussi être des conversations avec une forte expression de soi. Par exemple, quand vous devez exprimer une opinion, parler d’un sentiment personnel, d’une anecdote sur vous… A ce moment-là , vous aurez certainement envie de vous cacher et de fuir trèèèèèès loin. C’est la peur des interactions sociales.
2 – Vous avez peur des situations d’observation
Un autre signe pouvant être révélateur est la peur des situations d’observation par autrui. Alors oui, il est clair que même les personnes non anxieuses n’aiment pas trop ça… Mais en cas d’anxiété sociale, l’anxiété est généralement plus importante qu’en temps normal dans cette sphère. Cela va être alors des situations où vous pouvez être observé en faisant quelque chose ou non (Chapelle, 2018). Par exemple, être observé en train d’écrire, de manger, de marcher… Ou juste être observé en train d’être assis ou d’être dans le métro. Vous aurez alors peur de croiser le regard de l’autre, de montrer votre anxiété ou gêne manifestement. Et oui, vous ne serez pas très à l’aise effectivement ! Croyez-moi, je sais ce que c’est ! On a tout de suite l’impression d’être bizarre et d’agir de manière étrange.
3 – Vous avez peur des situations de performance
Un autre signe est si vous avez peur des situations de performance. Encore une fois, c’est aussi liĂ© Ă la peur du regard des autres, qui est centrale dans ce trouble. Ce seront les situations oĂą vous devez performer sur une tâche bien particulière. Par exemple faire une prĂ©sentation en public, jouer d’un instrument devant des gens (Chapelle, 2018)… Ou alors rĂ©aliser un travail tout en Ă©tant observĂ© (ex. Ă©lectricitĂ©, plomberie, installation…). Vous aurez peur du regard de l’autre posĂ© sur vous, et cela vous parasitera. En effet, gĂ©nĂ©ralement, l’anxiĂ©tĂ© a un fort impact sur la sphère professionnelle par exemple. Les anxieux sociaux auront tendance Ă ne pas faire de mĂ©tiers liĂ©s Ă une forte exigence de performance sociale.
4 – Vous avez peur de vous affirmer
Le quatrième signe pouvant être révélateur sont la peur des situations d’affirmation de soi. L’affirmation de soi peut être particulièrement problématique pour les personnes souffrant d’anxiété sociale. Elle est d’ailleurs un axe de travail en cas de thérapie cognitivo-comportementale. Mais elle ne sera pas abordée en début de thérapie, car il faudra d’abord diminuer l’anxiété sociale globale. L’affirmation de soi, c’est devoir formuler des demandes, exprimer des refus (Chapelle, 2018)… Ou alors cela peut être donner et recevoir des compliments, formuler et recevoir des critiques… Et tout cela fait peur, car cela expose de front au regard et au jugement de l’autre. Alors oui, il faudra travailler dessus ! Mais après plusieurs mois de suivi, ne vous inquiétez pas. On ne va pas vous demander dès demain de recevoir des critiques, heureusement !

5 – Vous avez peur des interactions formelles et informelles
Le cinquième signe est la peur des interactions formelles et informelles. Il y a donc une peur globale des situations sociales, parfois même avec ses proches. Concernant les interactions formelles, cela sera aussi relié à la peur des situations de prise de parole. Dans 70% des cas, vous aurez peur de faire des cours, des conférences ou des réunions (Mirabel-Sarron & Vera, 2012). Concernant les interactions informelles, cela sera relié à la peur d’interagir avec des personnes inconnues. Dans 46% des cas, vous aurez peur d’être invité à une soirée où vous ne connaissez personne (Mirabel-Sarron & Vera, 2012). Ou alors vous aurez peur d’être présenté à des personnes inconnues et de prendre un repas avec eux. La peur des inconnus joue aussi beaucoup sur la peur qu’ils émettent un jugement négatif sur nous.
6 – Vous avez des symptĂ´mes somatiques
Un autre signe frĂ©quent est le fait d’avoir des symptĂ´mes physiques Ă cause de l’anxiĂ©tĂ©. Cela se retrouvera aussi dans d’autres troubles, anxieux ou non. Ils seront des manifestations physiques de l’émotion ressentie. Or, lorsque vous ĂŞtes confrontĂ© Ă une situation anxiogène, quels sont vos symptĂ´mes physiques ? Les avez-vous remarquĂ© ? Souvent, cela pourra ĂŞtre des tremblements, douleurs musculaires, transpiration (Mirabel-Sarron & Vera, 2012)… Cela pourra aussi ĂŞtre une tachycardie, un rougissement ou des troubles intestinaux. Les symptĂ´mes sont diffĂ©rents selon chaque personne. Quand on ressent une forte anxiĂ©tĂ©, il est normal d’avoir des symptĂ´mes physiques de l’émotion actuelle.
7 – Vous avez peur qu’on voit votre anxiĂ©tĂ©
Un autre signe est la peur de manifester des signes d’anxiété aux yeux des autres. Cette peur est aussi liée à la peur du regard et de l’observation. Ici, vous aurez tendance à lutter pour que vos symptômes physiques ne soient pas vus par les autres (Mirabel-Sarron & Vera, 2012). Cela vous engendrera un très fort coût cognitif dû aux efforts que vous ferez. Il est clair que le mécanisme de l’anxiété sociale fera que vous serez épuisé cognitivement… Une lutte constante entre le ressenti et le paraître sera présente si vous souffrez d’anxiété sociale.
8 – Vous vous auto-observez en situation
Le huitième signe pouvant être révélateur est l’auto-jugement de sa performance post-situation. En effet, fréquemment, les anxieux sociaux ont tendance à s’auto-observer en situation. Lorsqu’elle est terminée, ils jugeront négativement lors performance et seront déçus. Il y a une forte crainte d’être ridicule, de s’embarrasser, d’être humilié. Alors chaque action, fait et mouvement devient l’occasion de se juger. “Je n’ai pas fait ça bien” ou alors “j’aurais dû dire ça”. Après une situation, des ruminations surviennent et il est difficile de dépasser le sentiment d’échec.
9 – Vous avez des Ă©vitements persistants
Un autre signe est le fait d’éviter de manière persistante certaines situations sociales. Si vous évitez plus d’une situation sociale, alors votre anxiété sociale peut être dite généralisée. Sinon, c’est une anxiété sociale simple, présente dans une forme mineure (ex. anxiété de performance). Ici, comme l’anxiété est très intense, il y a un cercle vicieux où l’évitement des situations devient persistant (Mirabel-Sarron & Vera, 2012). A chaque situation où nous sommes déçus de notre performance, notre envie d’éviter la prochaine sera d’autant plus forte. Parfois par contre, nous serons contraints d’affronter les situations redoutées, et cela sera difficile.
10 – Vous ĂŞtes inhibĂ©s socialement en situation
Le dernier signe pouvant être révélateur est la présence d’une inhibition sociale et détresse importante. En effet, parfois vous devrez affronter certaines situations que vous ne pourrez pas éviter. Ces situations auront tendance à générer une détresse importante et un comportement d’inhibition. Par exemple, vous essayerez de ne pas vous exprimer, de ne pas attirer l’attention. Les personnes souffrant d’anxiété sociale ont généralement une faible confiance en eux, une hypersensibilité à la critique et une peur d’être rejeté ou jugé négativement par autrui (Harscoet, 2013). Alors effectivement, cela alimentera la peur d’être affirmé dans une situation qui nous fait peur. J’espère que vous en avez appris plus sur l’anxiété sociale grâce à ces 10 signes.
Conclusion
Comment savoir si on a de l’anxiĂ©tĂ© sociale ? Pour cela, il est utile de prĂŞter attention Ă certains signes que vous pouvez repĂ©rer. N’oubliez cependant pas une chose : ne soyez pas trop dur envers vous-mĂŞme. Si vous vous rendez compte que vous avez la majoritĂ© de ces signes, soyez indulgents. Vous faites de votre mieux, dans la situation dans laquelle vous ĂŞtes. Et cela va s’amĂ©liorer dès aujourd’hui. Cliquez ici pour recevoir mon livre « 7 clĂ©s pour apaiser son anxiĂ©tĂ© dès aujourd’hui ».
Sources bibliographiques
- André, C. (2011). Mécanismes et origines. Dans : Christophe André éd., La timidité (pp. 45-70). Paris cedex 14: Presses Universitaires de France.
- Chapelle, F. (2018). 8. Trouble anxiété sociale (phobie sociale). Dans : , F. Chapelle, B. Monié, S. Rusinek & R. Poinsot (Dir), Thérapies comportementales et cognitives: En 37 notions (pp. 57-63). Paris: Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.chape.2018.02.0057
- Mirabel-Sarron, C. & Vera, L. (2012). Chapitre 6. Les phobies complexes. Dans : , C. Mirabel-Sarron & L. Vera (Dir), Comprendre et traiter les phobies (pp. 119-142). Paris: Dunod.
- Servant D. (2002). Soigner les phobies sociales, Paris, Masson.