Qu’est-ce que l’anxiété sociale ? Souvent confondu avec la timidité, il est pourtant un trouble à part entière faisant partie des troubles anxieux. Cette fameuse “peur des autres” nécessite d’abord d’être comprise avant d’être accompagnée et traitée. Découvrez-en plus sur l’anxiété sociale dans cet article.
1 – Qu’est-ce que l’anxiété sociale
L’anxiété sociale, aussi appelée phobie sociale, est un trouble anxieux pouvant être plus ou moins handicapant. Elle peut être présente sous une forme généralisée, ou alors sous des formes plus mineures. C’est une phobie, c’est-à-dire une peur irraisonnée portant sur un objet (Tignol, 2014). Ici, l’objet de la phobie est une ou plusieurs situations sociales ou de performance.
L’anxiété sociale en quelques mots
Selon le DSM-5 (manuel diagnostique le plus utilisé par les professionnels), l’anxiété sociale est une “peur ou anxiété intense d’une ou plusieurs situations sociales durant lesquelles le sujet est exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui” (p.242). Effectivement, dans l’anxiété sociale, la peur est persistante et intense. Elle est d’autant plus forte lorsque la personne est exposée au regard de personnes qu’elle ne connait pas (Harscoet, 2013). Généralement, si vous souffrez de ce trouble, vous aurez peur de montrer des signes d’anxiété. Cela vous entraînera également une forte détresse émotionnelle et perturbera votre quotidien. Et oui, l’anxiété sociale est handicapante, puisqu’elle concerne les interactions sociales. Or, dès que vous sortez de chez vous, vous serez directement confrontés à cette présence-là de l’autre. Notons tout de même qu’il faut souffrir de cette peur depuis 6 mois au minimum pour être considéré comme anxieux social. Mais quelle différence entre anxiété sociale et timidité ?
Suis-je timide ou anxieux socialement ?
Souvent, il y a une confusion entre timidité et anxiété sociale. Etes-vous anxieux social seulement parce que vous êtes inhibé lors des interactions sociales ? Ou êtes-vous seulement timide alors que vous évitez toutes les situations de performance ? Déroulons la différence entre les deux. Généralement, il est admis qu’il y a un continuum entre la timidité et l’anxiété sociale : ce ne sont donc pas les mêmes troubles (Trybou, 2018). Un peu comme une flèche qui partirait de la timidité pour aller faire une forme plus accentuée qui serait l’anxiété sociale. Or, le passage de l’un à l’autre dépend de plusieurs éléments :
- L’intensité de l’anxiété : si vous êtes timide, votre anxiété diminue naturellement au fur et à mesure du temps. Si vous êtes anxieux social, votre anxiété se renforce plus vous passez du temps dans les situations qui vous font peur.
- Le degré de détresse ou de handicap : si vous êtes timide, l’handicap est temporaire et la détresse modérée. Si vous êtes anxieux social, l’handicap peut être très important, autant que le niveau de détresse émotionnelle.
- La contrainte posée par le trouble : si vous êtes timide, vous arrivez à fonctionner au quotidien, à faire ce que vous souhaitez. Si vous êtes anxieux social, cela altère votre fonctionnement social et professionnel.
Il y a ainsi une forte différence entre les deux. Est-ce plus clair pour vous ? Il est normal de confondre les deux termes dû à leurs similarités. Si vous pensez souffrir d’anxiété sociale, n’hésitez pas à aller consulter un professionnel de santé.
Les impacts de l’anxiété sociale
Comme nous l’avons vu, l’anxiété sociale peut être très handicapante. De plus, comme elle concerne directement les interactions sociales… Elle peut rendre difficile le fait de consulter un professionnel. C’est pourquoi en général les anxieux sociaux consultent peu, souvent pour un autre problème (ex. dépression, crise d’angoisse, alcoolisme…) et assez tardivement (Tignol, 2014). Il est effectivement difficile de parler de son trouble si on a justement peur du jugement des autres. Aussi, généralement, l’anxiété sociale a un impact négatif sur :
- Le travail
- Les relations sociales et sentimentales
- Niveau de revenu
- Qualité de vie
Alors oui, ça fait un peu peur dit comme ça ! Mais c’est en comprenant mieux les mécanismes que vous saurez mieux les désamorcer. Si vous avez une anxiété sociale généralisée, vous aurez des impacts plus forts sur ces sphères. Parfois, cela peut conduire à avoir des difficultés à poursuivre ses études. Cela peut aussi conduire à l’absence de relations amoureuses dues au trouble. Avec le suivi adapté, vous pourrez avancer petit à petit pour dépasser ces peurs très prégnantes. Alors oui ce ne sera pas facile, croyez-moi je l’ai vécu ! Et pourtant, cela en vaudra la peine, je vous l’assure.
2 – Quels sont les signes de l’anxiété sociale
Maintenant que nous avons vu plus en détails qu’est-ce que l’anxiété sociale… Apprenons-en plus sur les signes que vous souffrez peut-être d’anxiété sociale. Si vous vous demandez si cela concerne, voici 5 signes pour vous éclairer. Évidemment, un diagnostic est nécessaire pour être sûr que vous en souffrez réellement.
Perception négative de soi
Le premier signe d’une anxiété sociale est le fait d’avoir une perception très négative de soi. Souvent, les personnes souffrant d’anxiété sociale ont tendance à se voir comme défaillantes socialement (Trybou, 2018). Elles diront souvent qu’elles sont inintéressantes, peu pertinentes, inadaptées… Pourtant, elles possèdent des compétences sociales, mais elles sont inhibées par l’anxiété. Elles auront l’impression de ne pas être capable de gérer une interaction sociale. Cela se base sur une perception de soi altérée, basée sur un jugement négatif que l’on porte sur soi. Finalement, nous avons peur que les autres nous jugent ou aient une image négative de nous… Mais c’est nous qui portons le jugement le plus dur sur nous-mêmes.
Anxiété par anticipation
Le deuxième signe d’une anxiété sociale est le fait de ressentir une anxiété d’anticipation plusieurs jours à plusieurs jours avant une situation. L’anxiété par anticipation va impacter la qualité de vie en l’absence-même de la situation. Si vous êtes anxieux social, vous aurez tendance à prévoir que vous n’arriverez pas à gérer cette situation. Vous aurez peur à l’avance d’être jugé, rejeté, ou perçu négativement (Trybou, 2018). Cette anxiété anticipatoire est présente dans d’autres troubles anxieux (crises d’angoisse, phobies spécifiques…). Ici, elle sera ciblée sur les interactions sociales à venir.
Rumination du pire
Le troisième signe d’une anxiété sociale est le fait de penser au pire si vous êtes forcé à affronter une situation. Si vous ne pouvez pas éviter une interaction, alors vous commencerez à ruminer sur le pire (Trybou, 2018). Vous essayerez de tout planifier pour éviter que le pire scénario ne se produise… Sauf qu’il est impossible de tout planifier, alors cela entraînera une détresse significative en situation. Vous penserez à comment vous comporter, quoi dire, comment le dire… Plus vous ruminez et planifiez, et plus l’anxiété se renforce. Effectivement, ce n’est pas le meilleur mécanisme… Ne perdez pas espoir. Avec un suivi adapté, vous saurez le déjouer, même si cela vous prendra du temps.
Auto-observation en situation
Le quatrième signe d’une anxiété sociale est le fait de s’auto-observer en situation. En effet, pendant une interaction, vous analyserez les réactions des autres, mais… Vous serez aussi centrés sur vous, vos réactions et comportement. Vous aurez tendance à vous auto-observer et à vous juger sur chaque fait et mouvement. Alors oui, cela n’aidera pas l’anxiété. C’est pourquoi certaines méthodes thérapeutiques visent à aider à se décentrer de soi lorsque l’on est anxieux social. En se concentrant sur le moment présent et l’extérieur, vous arrêterez alors de vous juger et vous condamner.
Déception post situation
Le dernier signe d’une anxiété sociale est le fait de se sentir déçu de sa prestation après une situation donnée. En général, vous aurez tendance à repenser à ce qui s’est passé et à ruminer négativement (Trybou, 2018). Les ruminations se centreront sur les échecs et mettront de côté les réussites… Vous passerez alors probablement à côté d’éléments positifs prouvant vos compétences sociales. Cela fait partie des distorsions cognitives qui existent lorsque l’on souffre d’un trouble anxieux. Parmi les méthodes appartenant aux TCC, la restructuration cognitive vous aidera. Ajoutons également que l’anxiété sociale est basée sur l’émotion de peur et de honte, qui alimentent le trouble. Souvent, les personnes auront peur d’être humiliés et rejetés. Ils auront un sentiment d’infériorité par rapport aux autres (Harscoet, 2013). J’espère que les signes de l’anxiété sont désormais plus clairs pour vous :).
3 – De quoi j’ai peur si j’ai de l’anxiété sociale
Qu’est-ce que l’anxiété sociale ? Et bien, c’est aussi des peurs spécifiques et caractéristiques du trouble. Vous n’aurez pas les mêmes peurs si vous êtes anxieux social que si vous êtes arachnophobe par exemple. Alors que pourtant, ce sont toutes deux des phobies, appartenant aux troubles anxieux. Découvrez les 5 grandes peurs typiques de l’anxiété sociale.
Situations de performance
La première peur est celle des situations de performance sous le regard d’autrui (Trybou, 2018). Imaginez devoir faire un discours, faire une présentation à l’oral devant une classe… Ou alors passer un entretien d’embauche, prendre la parole… Comment vous sentez-vous ? Si vous ressentez une anxiété en y pensant, il est probable que vous soyez touchés par cette peur. Cette peur peut aussi être appelée anxiété de performance. On veut être performant : parler comme il faut, se présenter positivement… Et échouer nous fait peur car cela conduirait à ne pas être à la hauteur et donner une image négative de nous. Cette peur n’est pas automatique dans l’anxiété sociale.
Se révéler
La deuxième peur est celle de révéler des éléments sur soi lors d’une interaction sociale (Trybou, 2018). Imaginez devoir révéler un secret, parler de vous à des amis ou des personnes inconnues… Ou alors vivre une rencontre amoureuse… Comment vous sentez-vous ? Si vous ressentez une gêne importante, il est probable que vous ayez cette peur. Rappelons que l’anxiété sociale est la peur d’être jugé négativement par les autres. Or, révéler des choses sur soi peut être perçu comme une opportunité d’être jugé. Alors oui, cela peut effectivement faire peur ! Cela peut être un axe de travail lors d’une intervention thérapeutique pour l’anxiété sociale.
Ne pas réussir à s’affirmer
La troisième peur est celle de ne pas réussir à s’affirmer lors d’une interaction sociale (Trybou, 2018). En effet, l’anxiété sociale vient souvent avec un déficit d’affirmation de soi. Par peur, nous n’arrivons pas à exprimer nos besoins, nos demandes, à dire nos limites. Alors comment faire quand nous devons défendre notre opinion, contredire ? Ou quand quelqu’un nous propose quelque chose, comment refuser ? La peur des autres peut être aussi inhibitrice de l’affirmation de soi, ce qui alimente ainsi cette peur. On peut avoir peur de faire de la peine ou alors de mettre en colère si l’on s’affirme. Les thérapies cognitivo-comportementales pourront vous aider si vous rencontrez ce problème. C’est en fin de thérapie sur l’anxiété sociale que votre thérapeute pourra vous proposer d’améliorer spécifiquement l’affirmation de soi. Effectivement, le faire au début d’une thérapie serait trop violent, car l’anxiété sociale doit d’abord diminuer.
Regard d’autrui
La quatrième peur est celle d’être simplement soumis au regard d’autrui (Trybou, 2018). L’anxiété sociale est aussi la peur d’être regardé, remarqué, mis au centre de l’attention ou encore observé. Alors certaines situations peuvent être très anxiogènes… Êtes-vous par exemple à l’aise avec le fait d’être regardé en train d’écrire ? Ou alors regardé en train de manger, de marcher, de travailler ? Si cela vous rend anxieux, il est possible que vous ayez cette peur. On peut avoir peur de ne pas être naturel, d’être le centre de l’attention. Et cela peut aussi être relié à la peur que l’on voit son anxiété si l’on nous regarde attentivement. Alors oui comme ça, on se dit que ça fait beaucoup de peurs ! Mais vous ne les avez pas toutes, chaque anxiété sociale est différente selon la personne.
Avoir des signes d’anxiété
La dernière peur est celle de montrer des signes extérieurs d’anxiété. En effet, cela va aussi avec la peur du regard des autres et de leur jugement. On peut avoir peur de rougir, de trembler, de montrer des signes visibles. Notre corps est-il en train de nous trahir ? Nous nous posons effectivement la question… Cela va avec le fait que l’anxiété sociale est souvent associée à des symptômes physiques. Par exemple, vous pouvez avoir des palpitations, tremblements, tensions musculaires ou alors un poids sur l’estomac (Trybou, 2018). Parmi ces cinq peurs, lesquelles vous parlent le plus ? N’oubliez pas qu’il est important de consulter si vous souhaitez diagnostiquer officiellement votre anxiété sociale.
4 – Conclusion
L’anxiété sociale est un vaste champ ! Ce n’est pas le trouble le plus agréable, ça c’est sûr… Il nous coupe des autres, alors même que nous souhaitons créer des relations. La peur des autres peut être atténuée grâce à un travail thérapeutique adapté. J’en suis la preuve, car j’ai dépassé l’anxiété sociale dont je souffrais moi-même. Cela a pris beaucoup de temps, certes ! Mais je ne souhaiterais pas revenir en arrière c’est sûr. Je suis sûre que vous pouvez prendre le même chemin. Trust yourself !
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